Un Cambodge et bien des visages...

Publié le par Thibault

 

Arrivee au Cambodge, aeroport de Phnom Phen, ou un ami d’enfance, Romain, vient me chercher a l’aeroport. La ville semble petite après Bangkok, presque paisible. Une fausse impression comme me le prouveront bientot une petite viree nocturne, la visite du muse de Tuol Sleng, rappelant le lourd passif historique de la ville, ou encore les recits d’agression qui me seront bientot racontees.

 


La visite de Tuol Sleng, le musee du « genocide » perpetre par les Khmers Rouges, se situe dans le centre de securite (qui etait auparavant une ecole) ou les opposants potentiels etaient tortures avant d’etre executes. Hommes, femmes, mais egalement enfants, comme le rappellent les innombrables photos des victimes qui vous fixent, certains curieux, d’autres le regard vide, d’autres encore vibrant d’une colere sourde. Les salles de classe, devenues cellules, sont intactes, dans l’etat ou les ont laisse les Khmers Rouges lors de leur fuite. Les 14 dernieres victimes, dont les corps ont ete retrouves par les vietnamiens lors de leur arrivee sur le site, sont enterrees la. Les dizaines de milliers d’autres corps ont ete retrouves dans un charnier a quelques kilometres de la ville. Comme le musee le rappelle, les Khmers Rouges, dans leur folle fuite en avant vers une societe communiste, provoquerent la mort d’environ 2 millions des 7 millions de Cambodgiens que comptait le pays lors de leur arrivee au pouvoir. Pour en savoir plus, je ne saurais trop vous recommander le terrible « First, they killed my father » (« Ils ont d’abord tue mon pere », mais je ne suis pas sur du titre en francais), qui raconte les 4 annees au pouvoir des Khmers Rouges a travers le regard de l’auteur, alors une petite fille de 5 ans.


 



 


 



 

Cet heritage pesant se ressent souvent chez les Cambodgiens, meme si, pudiques, ils n’en parlent que rarement. On sent un besoin redoutable d’avancer coute que coute, de faire de l’argent, de ne pas regarder en arriere. Le pays est encore aujourd’hui dirige par le politicien mis en place par les Vietnamiens en 79. Son gouvernement, qui inclut plusieurs anciens Khmers Rouges, serait massivement corrompu, et responsable pour la majeure partie de la deforestation qui a devaste le pays. Pour autant, le pays semble aller de l’avant, une simili classe moyenne emergant petit a petit. Les quelques bars et clubs tournent bien, et la prostitution, bien que presente, reste raisonnable par rapport a la Thailande.

 

Apres un petit tour dans la ville, je me dirigeais vers les champs de tir, une des attractions de la ville. On peut y tirer avec un AK-47, un M16, un fusil a pompe... On peut tirer sur cible, ou si l’on est tente, sur un poulet vivant. Pour les plus fortunes, il est encore possible de tirer sur une vache vivante au Bazooka. Bon, il faut compter environ 600$ (ca fait cher le steak tartare...), et c’est effectivement cruel, mais en meme temps, l’idee a un cote surrealiste que je trouvais asez comique !


 

 

Le soir, je m’essayais aux specialites locales, et notamment celle que je n’avais pas encore essaye : la mygale frite ! Bon, la encore, ca n’a pas trop de gout, si ce n’est celui des epices qu’ils mettent dessus, mais ca a un petit gout de revanche bien plaisant (« tu fais moins la maline maintenant, hein ? » )


 

 

Apres une bonne petite soiree a la boite locale, The Heart of Darkness, (est-ce que ca dechire pas trop comme nom ?), je filais vers Siem Reap, ville de base pour l’exploration des temples d’Angkor.

 

Bon, les templs d’Angkor, je pourrais en tartiner des pages, mais ca ne leur rendrait pas justice, plus Andre Malraux l’a deja fait et il vaut mieux le lire lui que moi. Donc voila, c’est grand, c’est beau, allez les voir. En attendant il y a l’album photo a droite.


 








A Siem Reap, en tout cas, je me suis bien amuse. Il y a une petite rue constituee uniquement de bars, ou les voyageurs se retrouvent pour faire la fete. Je rentrai donc dans le bar, mais quand je ressortai, un peu emeche, 4 heures plus tard, pour rentrer a velo a jusqu’a ma guest house, il y avait 40 cm d’eau dans les rues... Le typhon qui a ravage les Philippines nous etait tombe dessus. Et ben je peux vous dire que le velo, ivre, a deux heures du matin, dans 40 cm d’eau, c’est pas facile...


 


 

Je me dirigeai finalement vers le Nord-Est du Cambodge, histoire de laisser les touristes derriere moi, et de gouter au Cambodge rural, que je ne n’avais que peu vu jusqu’a present... La province du Nord-Est, le Ratnakiri, est  enclavee dans les montagnes, et la route qui y mene, quoique bien meilleure aujourd’hui, n’est pas encore de tout repos. La province est riche de plusieurs mines, de moult cascades, et du plus grand parc naturel d’Asie du Sud-Est, encore partiellement inexplore, et qui abrite encore tigres et ours a l’etat sauvage...

 

La capitale de l’Etat, Ban Lung, est une ville du Far West transposee en Asie. Quelques rues perpendiculaires, quelques bouges sombres encombres de quelques billards, un marche de nuit, et des restaurants dont les lumieres roses n’indiquent que trop bien le menu...

Inutile de s’attarder, j’arrangeai un trek pour le lendemain... 5 jours dans le Virachay National Park, loin dans la jungle, avec deux jours de Kayak au milieu... Dodo dans le hamac, douche sous les cascades, et un regime uniforme de chou + legumes de la jungle frits avec des sardines en conserve matin, midi et soir, le tout sous la pluie. L’aventure quoi ;) La jungle etait en tout ca superbe, meme si les gros animaux censes peupler la region se sont montres bien timides. Quelques serpents quand meme, des cerfs, des ecureuils volants... et puis surtout, le fait d’etre la, au milieu de la jungle, a 3 jours de marche de la premier habitation...

 

 





Nous passions le dernier jour dans le village de mon guide, de l’ethnie Kroeung, avant de prendre une moto et de nous diriger, via une route que le Lonely Planet decrit affectueusement comme le « bastard son of the devil himself » (le fils batard du diable lui-meme), vers les mines des Trois Districts. La route, un cauchemar d’ornieres et de boues ou nous allions tomber plusieurs fois, est probablement la pire que j’ai vu jusqu’ici (a l’exception de certaines pistes birmanes... mais au moins la-bas personne n’a eu l’hypocrisie de dire qu’elles etaient carossables !)  La favella des Trois Districts, 40 km de piste plus loin, est un etonnant melange de bicoques en bois et de bars a pute dans un decor de bout du monde... La technique des mineurs est simple (le mot suicidaire me vient a l’esprit) : ils creusent jusqu’a 20m, et s’ils trouvent quelque chose, ils se mettent a creuser horizontalement... bien sur, les galeries s’effondrent « parfois ». La paye, 3 ou 4 $ par jour, ne fait pas rever, et pourtant les candidats accourrent pour degoter les grenats et le Zircon qui fait la richesse de l’endroit... Les prix pour une fille, deja pas tres hauts a Ban Lung (3$, d’apres mon guide), deviennnent ici abyssalement bas : moins de 1$...


 




 

Ma derniere soiree au Cambodge sera passee a me faire escroquer au billard de Ban Lung... Ils jouent a un jeu ou tu as 8 cartes dans la main, et tu dois rentrer les boules qui correspondent a tes cartes. Mais ils inventent des regles au fur et a mesure, genre « Ha non, tu as rentre la blanche deux fois, tu as perdu... ». Resultat, 2 victoires 5 defaites. Je perdais 12000 riels, environ 3$. Enfin en meme temps, j’aurais pas pu en faire grand chose, de mes riels restant...

 

Et voila, direction le Laos... Comme d’hab, album photo a droite. A plus !

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