Les indiens et la file d'attente...

Publié le par Thibault

Ca y est, le parfum du voyage est la, je pars pour l’aéroport, enfin libre, à nouveau.

Arrivée a Chennai : les quelques degrés de fraicheur (28 au lieu de 34) qui marquent l’hiver a Bombay sont oubliés, ici, c’est presque équatorial et il fait chaud toute l’année. Que la lutte contre les moustiques commence (cette nuit-la, ils ont gagné : après quelques heures de féroce bataille, a coup de grandes claques, j’ai fini par dormir tout habillé…)

Départ à 5h du matin pour Tirupathi. Le train, c’est un bon moyen d’analyser la structure sociale de l’Inde. Il y a les 3e classes, les vraiment pauvres. Il y a ensuite les 2e classes, les un peu moins pauvres. Et puis les 1er classes, ceux qui s’en sortent à peu près. Les riches, bien sur, prennent l’avion.

Et j’arrive donc à Tirupathi. Expérience intense. Tirupathi serait, a concurrence avec la Vatican, le plus grand centre de pèlerinage du monde. Attirant plus de monde que Jérusalem ou la Mecque.  C’est aussi un bon moyen de découvrir les indiens dans ce qu’ils ont de pire : la file d’attente.

En effet, tout le monde vient ici pour obtenir son darshan, c’est-a-dire ses 10 secondes devant le saint des saints, la statue de Vankateshwara. D’abord comme dans le train, il y a des classes : les pauvres, qui  sont dans la queue du Darshan gratuit. Leur temps d’attente estimée est de 11 heures. Puis ceux qui ont acheté un ticket , 50 roupies (80 cents  d’euro), qui ne devraient attendre « que » 7 a 8 heures. Et puis il y a les « VIP », qui comme leur nom l’indiquent, ne devraient pas attendre trop longtemps.

Bien sur, l’objectif était de se hisser au statut de VIP. Facile, il suffit de trouver la salle 17 du complexe Q du centre de pèlerinage (qui est immense), ou l’on se fait dire qu’il faut aller au bureau du « Commissaire ». Là-bas, on fait la queue 30 minutes, et on obtient son ticket VIP. Jusque la, facile.

Ensuite il faut faire la queue pour laisser son sac et ses chaussures à la consigne. De nouveau, compter une heure. Une fois arrive la, on se dit qu’on a fait le plus dur : après tout, je suis un VIP, maintenant.

Oui mais voila, des VIP, apparemment, il y en a beaucoup. Au moins 10 000 (et pas un blanc, apparemment, je crois bien que j’étais le seul !), ce jour-ci (il faut dire que j’y vais un dimanche, en pleine saison de pèlerinage…  c’est pas drôle sinon). Ce qui voudrait dire qu’environ 150 000 personnes auraient reçu leur darshan ce jour la. Un chiffre qui ne tombe jamais en dessous de 50 000 pèlerins par jour, et qui peut monter jusqu'à 700 000 pelerins/jour (je n’ose pas imaginer…). Le temple accumule les records : près de 18000 personnes sont employées au temple. Le temple génère un chiffre d’affaire de près de 100 Millions d’euros par an. Le « Trésor » du temple se compose de plus 1000 Kg d’or et de pierres précieuses, ce qui en ferait l’un des plus importants au monde. Le temple s’est doté d’une machine à faire les « ladoo » (espèce d’hosties sucrées, grasses et délicieuses) venue tout droit de chez Bosch, Allemagne (probablement unique en son genre, la machine…)

 

Et donc tous ces gens font la queue, pour avoir la chance de faire un vœu en face de l’effigie de Venkateshwara, l’avatar de Vishnu qui serait a l’origine du temple (qui remonterait a 2000 ans). Mais voila, pour les indiens, faire la queue, c’est quelque chose d’assez différent de ce que des français pourraient comprendre.


                                                                 Un apercu de la file d'attente...


L’ambiance est électrique. On attend depuis des heures pour pouvoir exprimer son vœu le plus cher. Des chants démarrent spontanément, des gens répètent leur mantra, certains mangent…  D’un coup, une de ces poussées soudaines commence, une porte a du s’ouvrir tres loin devant nous, et tout le monde se rue en avant. Les bébés pleurent, les parents s’insultent. La foule est comprimée, compressible a un point que je n’imaginais pas. On essaye de passer par les cotes, par-dessus, par-dessous. Tout est bon pour arriver plus vite (et on est chez les VIP !).

L’arrivée au sanctuaire est dingue : l’intérieur du temple (toute photo interdite…) est plutôt belle, tout d’or vêtue, le chaos est total, les gens s’évanouissent, on est précipité devant la porte, les pousseurs de la file étant rejoints par des pousseurs « officiels », visant a nous empêcher de rester trop longtemps dans le temple. Enfin on arrive devant une porte ouverte, donnant sur une salle sombre. Au fond, une statue toute d’or et de pierrailles, Venkateshwara.  

5 secondes pour faire un vœu, au milieu des cris et des chants, avant d’être expulse sans ménagement vers la sortie. Damm it, le vœu ! Au point ou j’en étais, j’ai failli demander a Venkateshwara de me faire sortir le plus vite possible de cet endroit fou, mais après 4 heures d’attente, je me suis dit que c’était dommage, et j’improvisais autre chose, avant de me retrouver enfin, 45 minutes plus tard, a l’air libre.

 

                                 Une photo du "toit" du temple, recouvert de feuilles d'or


Un peu de temps pour profiter de l’endroit, et de son ambiance particulière : en effet, malgré la foule, très dense, li règne une réelle sérénité et une grande piète. Le centre est immense : bassins, centres de méditation, salles de concert, petits temples secondaires… et les inévitables marchands du temple !  La particularité du lieu, toutefois, ne manque pas d’originalité : on se fait raser les cheveux, hommes, femmes, enfants, bébés, tout le monde y passe (enfin tout ceux qui veulent, je n’allai quand même pas sacrifier mes bouclettes…), en offrande au temple. J’ai lu quelque part que les cheveux étaient plus tard revendus à des salons de coiffure européens, pour réaliser les extensions chères a ces demoiselles… Comme d’habitude ici, rien ne se perd, tout se transforme !


                         




Amusant, tous ces chauves…

 

A noter, une rencontre insolite, a la gare : mon voisin, fait le tour des lieux de pèlerinage avec sa famille, et vient donc à Tirupathi tous les ans, avant de migrer vers d’autres lieux de pèlerinage. Comme il n’a pas l’air d’un Sâdhu (ces mendiants religieux qui vivent de mendicité et voyagent a travers l’Inde), je lui demande comment il gagne sa vie. Et lui de me répondre naturellement : « je joue en bourse ». Et pas de manière conventionnelle : monsieur a un don. Il regarder les graphes de valeurs des actions, et parfois, il sent venir le bon coup… Il dit avoir fait un bénéfice de 100 000 euros l’année dernière ! Et apparemment, il n’est pas seul dans sa branche : voici le magasine qu’il lisait…

                    

J’adore ce pays…


P.S: plus de photos, et d'autres a venir dans l'album photo "Tamil Nadu"



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