Elections libres... et sobres :(

Publié le par Thibault

Dans la jungle parsemée, sèche comme la plante des pieds d’un touareg, qui entoure Chhindwara, les tams-tams résonnent, appelant 700 millions d’indiens à aller voter. Les officiels, chargés de recueillir les votes (et, occasionnellement, les pots de vin des responsables politiques, afin de bourrer les urnes), parcourent des centaines de lieues, parfois, comme ici, en 4*4, parfois a dos de chameau, ou simplement a pied (dans l’Himalaya) pour rejoindre leur bureau de vote.


Les élections indiennes se distinguent de bien des manières : plus grand nombre de votants, plus grand nombre de bureaux de vote… mais c’est aussi une des plu sobres, et c’est ce qui me fait pousser ce coup de gueule, ppfff y’en a marre, y’a pas de Malabar, on veut à boire.

 

Alors que nous arrivons, mes partenaires japonais, mon nouveau collègue français et moi, à Lodikheda, le village ou nous logeons quand nous travaillons a l’usine Raymond dans le Madhya Pradesh, nous apprenons que :


  • Le bar du village est fermé, car ils n’ont pu renouveler leur licence (autorisation indispensable pour tout débit de boisson, et qui suppose le versement d’un généreux bakhshish au Superintendant de Police, personnage haut en couleur que j’ai eu l’occasion de déranger de son visionnage quotidien de soap opera indien pour quémander un visa)

 

  • Tous les débits de boisson du coin sont de toute façon fermés en raison des élections.

 

 

 

Or il faut savoir que le Japonais est  partiellement bièrivore. Je m’explique. Au petit-déjeuner, il absorbe un masala chai (quand il est en Inde, en tout cas) et 2 toasts. Au déjeuner, un repas normal. Le soir, en revanche, des mœurs étranges le poussent à absorber de grandes quantités de bières, accompagnées en général de tentacules de poulpes séchées (snack à la consistance assez proche d’un vieux pneu, et au gout assez proche de, eh bien, d’un poulpe qu’on aurait laissé pourrir pendant 2 ans au soleil).


La nouvelle résonna comme un glas aux oreilles de nos amis japonais, dont le visage se décomposa en apprenant qu’il était impossible de se procurer de la bière (en effet, le poulpe séché tout seul, c’est très indigeste).


Plein de dévouement, nous envisageâmes toutes sortes de solutions, comme de parcourir les 42 km qui nous séparaient du prochain débit de boisson ouvert (car dans un état différent), mais nous apprîmes que les gens étaient fouillés a leur entrée dans l’Etat, et les officiels Raymond douchèrent rapidement nos espoirs.

J’eus beau m’élever contre cette règle inique, rien n’y fit. J’accuse : Un, je ne vois pas pourquoi, dans un pays libre, on ne pourrait pas voter complètement ivre. Deux : avec cette règle idiote, impossible de célébrer la victoire de son champion. Et Trois : pourquoi les gens qui votent pas ne peuvent pas boire leur content en paix ?


Heureusement, nous sommes en Inde. Et en Inde, s’il y a une chose qu’on sait faire, c’est contourner les règles. Nous nous mimes en quête de jeunes potentiellement alcooliques (je peux vous dire qu’en étant jeune ingénieur chez Raymond Madhya Pradesh, vous avez de fortes chances de le devenir : a part boire, il n’y a pas grand-chose à faire…), et partîmes en quête de boisson. A trois sur une moto sans casque, de nuit avec le phare avant qui clignote (vous voyez ce que je veux dire à propos des règles), nous parcourûmes (j’aime le passe simple !) une vingtaine de kilomètres, jusqu'à atteindre un dhaba, comprendre un mini boui-boui vendant à manger et des cigarettes. Mais après un ou deux mots de Trishul, notre jeune ami, le tenancier accepta nos 500 roupies et nous fit signe de continuer notre route. Un peu étonnés, nous nous inclinâmes devant le hochement de tête de Trishul. Alors que nous roulions doucement en moto, après environ 500 mètres, un personnage couvert de blanc de la tête au pied (peut-être pour faire peur aux policiers ?) sortit de derrière un buisson, et nous tendit un sac en plastique qui fait cling-cling. Bingo !


Pas la bière tant espérée par nos Japonais, mais un whisky qui fera l’affaire en attendant. Vivement la fin des élections !

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B
J'ai pensé à toi ce matin en lisant mon journal: 5 loulous sont morts après avoir ingéré de l'alcool frelaté hier!!!
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B
Bon je suis désolée de polluer comme ça tes commentaires, visiblement, ça coince un peu!
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B
Bon, ben donc, je recommence: je disais ....<br /> <br /> J'ai beaucoup ri à la lecture de ton article, d'ailleurs j'en ai fait la lecture à voix haute à l'Homme. Ayant vécu et travaillé avec des coréens et parfois des japonais pendant 6 ans, nous étions bien à même de comprendre ton désarroi.<br /> Fais gaffe à l'alcool: les autorités ont prévenu que les élections s'accompagnaient d'un accroissement des ventes d'alcool frelaté. L'année où je suis arrivée à Bombay, en 2005, plus de 50 personnes sont y sont mortes après avoir ingéré de l'alcool frelaté. Stick to Kingfisher, it's safer.
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B
J'ai voulu te laisser un commentaire mais ça n'a pas marché. Ce deuxième essai vise juste à vérifier si ça marche!
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B
J'ai beaucoup ri en lisant ton article, et je l'ai même lu à haute vois à l'Homme. Ayant vécu et travaillé avec des coréens (et prafois des japonais) pendant 6 ans, nous étions à même de comprendre ton désarroi. Fais gaffe quand même, les autorités ont prévenu qu'à l'occasion des élections, il circulait plein d'alcool frelaté. L'année où je suis arrivée à Bombay, en 2005, plus de 50 personnes étaient mortes à Bombay après avoir ingéré de l'alcool frelaté. Mise plutôt sur la Kingfisher!!!
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